Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/21

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d’abandonner un bon camarade tel que toi, j’aimerais à tenter seul l’aventure…

Blaise, à son tour, rapprocha son siége.

— Voyons ton idée ? dit-il en mettant définitivement de côté son sourire.

— Acceptes-tu ?

— Quand tu m’auras expliqué…

— C’est à prendre ou à laisser… Acceptes-tu ?

— J’accepte.

— Touche là ! dit l’Américain dont le regard inquiet prit tout à coup une fixité résolue ; et gare à celui qui renoncera !

Il se leva et alla ouvrir la porte de la chambre pour voir si par hasard quelque oreille curieuse n’était point aux écoutes. Il n’y avait personne dans le corridor.

En revenant vers le foyer, il s’arrêta devant le lit où reposait sa compagne de voyage, et en écarta les rideaux doucement.

Le jour qui pénétra par cette ouverture éclaira une charmante figure de jeune femme.

C’était un visage d’une régularité parfaite, mais dont les traits, fatigués déjà et pâlis, avaient comme un voile de froideur morne. Peut-être était-ce l’effet de la souffrance ou du sommeil. Lola dormait profondément. Son front et sa joue se cachaient à moitié sous les boucles prodigues d’une chevelure noire en désordre.