Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/238

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qui la pressaient avec délire. Elle poussa un grand cri. Le remords avait déjà remplacé l’ivresse… moi, je m’enfuis comme un criminel…

« Toute la nuit j’errai dans la campagne. L’enfer était au fond de mon cœur… »

Montalt ne bougeait pas, mais son visage peignait une indicible torture.

Il n’écoutait plus le jeune matelot, qui achevait sa confession d’une voix navrée.

« — Je la revis le lendemain, disait-il ; les anges ne devinent point le mal… elle ne m’avait pas reconnu… elle ne savait pas… elle souriait !… »

Vincent se couvrit le visage de ses mains, et un sanglot déchira sa poitrine.

Il y eut un long silence.

Tout à coup le jeune matelot sentit une main de fer qui étreignait son bras ; il laissa retomber ses deux mains, croisées au-devant des yeux, et vit la haute taille du nabab debout et immobile auprès de lui.

Montalt était si pâle qu’on eût dit un fantôme. Un sourire plein d’amertume et de douleur relevait les coins de sa lèvre. On lisait dans son regard une sorte de folie froide et poignante.

— Où donc avez-vous appris cette histoire ?… demanda-t-il d’une voix basse et saccadée.

Vincent ouvrit de grands yeux étonnés.

— Répondez-moi !… répondez-moi !… dit le