Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/253

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Penhoël possédait, comme nous l’avons dit, par lui-même et du chef de son frère absent, une quarantaine de mille livres de rente. C’était plus qu’il n’en fallait pour soutenir honorablement le train de vie adopté par la famille. Mais depuis trois ans les choses avaient changé. Un élément nouveau avait été introduit au manoir. L’hospitalité grande et simple s’était transformée en un luxe prodigue, et les quarante mille livres de rente, doublées tout à coup par miracle, n’auraient plus suffi aux dépenses de Penhoël.

Or, chaque fois que les dépenses d’un homme riche excèdent de beaucoup son revenu, quelque diabolique expédient lui vient en tête : il faut être sûr que cet homme, sous prétexte d’arrêter le désastre, précipitera sa ruine. Penhoël était devenu joueur.

La cause de ces désordres nouveaux était une femme, jeune encore et remarquablement belle, qui se promenait en ce moment au bras du jeune Pontalès, dans le salon de verdure, et dont la riche toilette excitait la jalousie de toute la partie féminine de l’assemblée.

Dans cette femme fière et portant au mieux sa riche parure, nous eussions difficilement reconnu la pauvre fille que nous avons vue arriver autrefois à l’auberge du Mouton couronné avec