Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/28

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— Je ne suis pas un voleur, moi, reprit Robert qui s’animait en parlant. J’ai l’ambition d’être un homme d’esprit et de ressources, voilà tout !… Avec cela et du courage, on trouve toujours un petit trou par où passer… On cherche longtemps ; les sots vous accusent d’être un songe-creux ; puis l’occasion arrive, et vogue la galère !…

— Ça peut avoir son bon côté, dit Blaise.

— Qu’importe un an ou deux ? poursuivit encore l’Américain. Nous sommes jeunes, et, pour ma part, quand le tour sera fait, je n’aurai pas même l’âge d’être électeur.

— Électeur !… répéta Blaise.

— Oui, je pense un peu à la politique… Mais c’est une autre histoire… Y sommes-nous ?

— Donne les cartes, répliqua l’Endormeur non sans un reste de répugnance ; et fais attention que tu ne joues pas contre un bourgeois !

L’Américain lui jeta le paquet de cartes d’un air superbe.

— Donne toi-même, dit-il, si tu as peur.

Et pendant que Blaise mêlait, il ajouta :

— C’est bien entendu, n’est-ce pas ?… Nous savons ce que nous jouons.

— Pas trop, repartit Blaise, et il faut être