Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/37

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mie de Robert se remonta brusquement comme par l’effet d’un mystérieux ressort. Son œil devint calme et souriant : on eût dit un de ces hommes heureux qui passent dans la vie sans préoccupation et sans soucis.

L’aubergiste, qui s’arrêta auprès de la porte, la casquette à la main, dut lui trouver assurément grande mine, car il exécuta le plus beau de ses saluts.

Robert lui envoya, en se rasseyant au coin du feu, un bonjour affable et gracieux.

— Entrez, mon cher monsieur, dit-il.

Blaise, qui avait devancé l’aubergiste, passa tout auprès de Robert et lui glissa ces seuls mots à l’oreille :

— M. Géraud…

L’Américain remercia par un signe de tête.

— Approchez donc…, reprit-il. Je vous demande pardon de vous avoir dérangé ainsi sans compliment, mais c’est que j’ai beaucoup de choses à vous demander, mon cher monsieur.

Les gens de la haute Bretagne sont presque aussi défiants que des Normands ; c’est une rude tâche que de leur accrocher la première parole.

En revanche, une fois la glace rompue, on est souvent dédommagé trop amplement.

L’aubergiste était un vieil homme bien couvert et d’apparence fort honnête. Ses petits yeux