Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/59

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autrefois une petite maison sur la lande… Mon père a vu des sabots à leurs pieds… À présent la forêt est à eux, la forêt et le grand château !… Mais que disais-je ?… mademoiselle Marthe est la plus belle fille du pays… On croyait qu’elle aimait M. Louis… Ah ! cela étonna bien du monde !… M. Louis partit, et ceux qui le rencontrèrent en chemin virent bien qu’il avait des larmes dans les yeux… Ce fut René, le cadet, qui épousa mademoiselle Marthe… et depuis lors, au manoir, on ne prononça plus guère le nom de M. Louis, ce nom qui est au fond de tous les bons cœurs à dix lieues à la ronde…

Si l’Américain avait eu sa bourse bien garnie, il aurait payé cher cette courte et vague histoire.

— Louis m’avait parlé de ces Pontalès, dit-il, mais j’étais loin de les croire si riches…

— Trois fois riches comme Penhoël ! s’écria le père Géraud avec colère ; et quatre fois aussi, pour sûr !… Ah ! le vieux Pontalès est un fin Normand avec sa figure de brave homme ! Il y a plus de ruse sous ses cheveux blancs que dans un demi-cent de têtes bretonnes… Heureusement que monsieur l’a encore une fois chassé du manoir, car il y a bien assez de mauvais présages comme cela autour de Penhoël !

Il se tut. Un instant Robert attendit, espérant