Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 1, 1850.djvu/90

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deux filles, par hasard, il se baissait tout à coup chargé d’une mystérieuse tristesse.

— Vous aviez un jeu à nous faire boston sur table, M. Jean, reprit le Hivain mais du diable si vous n’avez pas martel en tête !… Quant à Pontalès, on dit qu’il a fait le voyage de Paris… Il a rapporté la décoration du Lis, et il aura l’an prochain la croix de Saint-Louis…

— Ce n’est pas vrai, gronda Penhoël, dont la joue devint écarlate ; le roi ne peut pas donner la croix de Saint-Louis à un voleur !

— Je répète ce qui se dit dans le bourg… Une chose certaine, c’est qu’il est noble, maintenant…

Penhoël posa ses cartes sur la table, et ses sourcils se froncèrent violemment.

— Coquin de Macrocéphale !… pensa le maître d’école.

Il fit signe à l’homme de loi de se taire ; celui-ci ne voulut point comprendre et poursuivit :

— Noble comme Rieux ou Rohan, par ma foi !… Il nous faudra l’appeler désormais M. le marquis de Pontalès.

— Et il prendra pour écusson, grommela Monsieur entre ses dents serrées, un pichet de cidre et un bouchon de buis en souvenir de son grand-père qui était cabaretier à Carentoir !…