Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/106

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rent ensemble le sentier roide et difficile qui conduisait au bord de l’eau.

À mesure qu’elles descendaient, une sorte de chant rauque et lugubre arrivait jusqu’à leurs oreilles. Quand elles commencèrent à découvrir, au travers du taillis, la lueur faible qui sortait de la loge de Benoît Haligan, elles reconnurent la voix et le chant.

C’était le vieux passeur lui-même qui psalmodiait lentement et avec peine les versets du De profundis.

Diane et Cyprienne continuèrent leur route. Au moment où elles passaient devant la loge, la voix du vieillard, éteinte et creuse, interrompit son chant pour prononcer leurs noms.

Cyprienne hésita.

— Ma sœur, dit-elle, quand je vois cet homme, et, que j’entends ses sombres menaces, je n’ai plus de courage…

— Il a servi fidèlement Penhoël, répliqua Diane, et tout le monde l’abandonne…

La voix cassée du vieillard se reprit à chanter ; mais ce n’était plus le De profundis.

Il disait :

« C’est bien vous qu’on voit sous les saules :
« Blanches épaules,
« Soin de vierge, front gracieux
« Et blonds cheveux… »