Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/115

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rons qu’il avait été jusqu’à renoncer au titre de maire de Glénac pour donner à la vanité de Penhoël cette satisfaction enviée.

Il y avait bien une heure que la partie engagée durait. Les enjeux étaient lourds, et l’on jouait argent sur table. Penhoël perdait.

Entouré comme il l’était, d’un côté par Macrocéphale qui avait tout juste la probité d’un homme de loi campagnard, de l’autre par une femme ayant droit au titre d’aventurière, son malheur constant aurait pu n’être point naturel. Lola était admirablement placée pour faire des signes, et la longue figure de maître Protais le Hivain pouvait dire bien des choses.

Mais le jeune M. Robert de Blois n’en était pas à user de ces fraudes élémentaires. C’était un gentilhomme ! S’il trompait, il y mettait du moins une grâce charmante et une habileté de premier ordre.

Penhoël ne pouvait soupçonner ces mains loyales, toujours à découvert, et qui battaient les cartes avec une nonchalante aisance.

D’ailleurs, Dieu sait que le jeune M. de Blois ne se montrait guère empressé de jouer. Ce n’était jamais lui qui entamait la partie, et il fallait chaque jour que Penhoël priât, mais priât sérieusement, pour que le jeune M. de Blois voulût bien consentir à lui gagner ses doubles louis.