Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/143

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de loi n’entendaient qu’un murmure ; quand, au contraire, le jeune M. de Blois fournissait la réplique, ils ne perdaient pas une parole. La voix de Robert était haute, gaillarde, et dénotait beaucoup de bonne humeur.

— Belle dame, disait-il en ce moment, Penhoël n’a pas été plus heureux ce soir que d’habitude… C’est étonnant ! le sort ne se lasse pas de persécuter ce pauvre ami !… Avant de mettre le feu à la pile de fagots qu’on a brûlée dans l’aire, Penhoël avait perdu sa dernière pièce de vingt francs… Vous devriez user de votre influence, belle dame, pour le guérir de cette détestable passion !

— Il y a trois ans, répondit Marthe, on ne pouvait pas perdre plus d’un louis d’or dans sa soirée au jeu que jouait le maître de Penhoël…

— Ah ! ah ! fit Robert, les choses ont donc bien changé !… Au jeu que joue Penhoël, rien n’est plus aisé que de perdre maintenant dans sa soirée une bonne métairie ou quelques arpents de futaie…

— Quel ton !… murmura Pontalès. Il y a dans ce Robert du maraud et du grand seigneur !

— Mais comment diable Madame consent-elle à se promener avec lui, en ce lieu et à cette heure ?… répliqua maître le Hivain.