Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/144

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Marthe avait répondu quelques mots d’une voix faible et brisée.

Robert reprit :

— Ne m’accusez pas, belle dame !… Je lui ai dit vingt fois qu’il avait là deux vices pitoyables… On peut aimer à jouer et à boire… mais il joue comme une dupe et boit comme un charretier !

Tout en parlant, Robert jetait ses regards à droite et à gauche ; il cherchait évidemment quelque auditeur invisible.

— Je ne veux point vous cacher, belle dame, poursuivit-il, que je vous ai entraînée jusqu’ici pour parler un peu d’affaires d’intérêt… Mais, auparavant, permettez-moi de vous demander si l’indisposition de la chère demoiselle Blanche n’a pas eu de suites fâcheuses ?

Robert put sentir le bras de Madame tressaillir sous le sien.

— Qu’avait-elle donc ?… demanda-t-il encore.

Marthe cessa de marcher, ses jambes chancelaient.

— Ce qu’elle avait ?… prononça-t-elle d’une voix pénible et sourde, ne le savez-vous pas ?…

Robert hésita un instant ; puis il répondit d’un ton délibéré, mais peut-être au hasard :

— Ma foi ! belle dame, je crois bien que je m’en doute.