Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/153

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— Eh bien ! Benoît… disait Diane, vous ne voulez pas nous répondre, ce soir ?… Nous vous avons entendu chanter tout à l’heure, pourquoi vous taisez-vous maintenant ?

Le vieillard ne répliqua point. Sa respiration, d’ordinaire bruyante et pénible, était si faible en ce moment, qu’on ne l’entendait plus.

— Ma sœur… ma sœur, murmurait Cyprienne effrayée, allons chercher le vicaire… Nous sommes peut-être dans la chambre d’un mort !…

Aucun mouvement du vieux passeur ne protesta contre cette crainte. Il restait toujours étendu, la bouche et les yeux ouverts, les bras en croix sur sa poitrine, pareil à ces statues couchées qu’on voit sur les anciennes tombes.

— Benoît… mon pauvre Benoît ! reprit Diane, vous savez bien que nous vous aimons… pourquoi nous effrayer ainsi ? Nous sommes venues bien tard ce soir, mais il n’y a pas de notre faute… Benoît, répondez-nous, je vous en prie !

Même silence. Cyprienne avait du froid dans les veines, et ses jambes chancelaient sous le poids léger de son corps.

Diane s’approcha davantage du chevet de Benoît et reprit encore :

— Vous aviez soif, peut-être, et vous n’avez pas pu vous lever pour boire ; pauvre homme !…