Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/154

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Vous nous avez appelées… L’heure où nous venons d’ordinaire s’est passée, et vous avez cru que nous vous avions oublié !…

Toujours le même silence. Seulement, la flamme de la résine se prit à trembler, et les déplacements de l’ombre et de la lumière mirent une espèce de vie factice sur le visage morne du vieillard.

Cyprienne, à bout de courage, eut la pensée de s’enfuir. Diane, au contraire, fit un pas de plus vers le chevet du passeur, et saisit son bras, afin de lui tâter le pouls.

Au contact des doigts de la jeune fille, Benoît eut un tressaillement faible. Un soupir s’exhala de ses lèvres décolorées, et ses paupières battirent comme si le charme qui le tenait enchaîné se fût rompu tout à coup.

— Le feu de joie a bien brûlé, dit-il en fermant ses yeux avec fatigue, j’ai vu sa lueur rouge à travers la porte de ma loge… C’est un joyeux jour, jeunes filles !… On danse sur l’aire et l’on danse dans le jardin de Penhoël !… Le pauvre Benoît reste seul… Il met trop de temps à mourir !

Diane prit l’écuelle des mains de Cyprienne et la lui présenta. Benoît secoua la tête en signe de refus.

— J’ai vu le temps, continua-t-il, où Penhoël venait