Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/257

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— Cyprienne !… dit-elle encore.

Toujours le silence.

Marthe mit ses deux mains sur son cœur ; un éclair se faisait dans la nuit de son intelligence.

— C’est donc bien vrai !… murmura-t-elle. Je ne verrai plus leur sourire !… Elles sont là toutes deux dans la terre !… M’entendent-elles ?… Savent-elles comme je les trompais… et tout ce qu’il y avait pour elles d’amour au fond de mon cœur ?…

Elle joignit ses mains sur ses genoux ; ses yeux ne pouvaient point pleurer, mais dans sa voix brisée il y avait des larmes.

— Pauvres enfants ! reprit-elle ; pauvres enfants chéris !… Belles âmes qui viviez de dévouement et de tendresse ! Elles se croyaient dédaignées… Autour d’elles, il n’y avait que froideur… et jamais une plainte !… Il y a deux jours encore ; quand je les trouvai agenouillées à mes côtés comme deux anges consolateurs, elles me parlèrent de mourir pour moi… Et moi je n’eus que des paroles de raillerie !… Oh ! pitié !… pardon !… je vous aimais ! je vous aimais !…

Des pleurs brûlants inondaient maintenant sa joue, et des sanglots soulevaient sa poitrine haletante.