Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/260

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bre un moment désertée et s’élançant vers le petit lit pour couvrir de baisers le front de l’Ange… de l’Ange qui souriait contente et guérie…

Oh ! il y avait encore du bonheur dans sa misère !

Ces pauvres cœurs frappés prennent tout à l’extrême. Ils n’ont plus de règle parce que leur force est brisée. On les voit passer du désespoir à l’allégresse, et tout sentiment chez eux semble exalté par une sorte de fièvre.

L’âme de Marthe s’inondait de joie. Blanche était tout pour elle en ce moment. Toutes ses facultés d’aimer se rattachaient à Blanche.

Le même paysage triste était toujours autour d’elle : la colline, tantôt ensevelie dans la nuit, tantôt effleurée par la lueur pâle qui tombait de la lune ; le marais immense et plat, au milieu duquel se dressait la fantastique figure de la Femme-Blanche, qui aurait dû lui parler encore des deux jeunes filles mortes…

Mais elle ne voyait plus avec les mêmes yeux. Il lui semblait que la nuit souriait au-devant de ses pas. Elle était forte ; sa marche ne chancelait plus. Elle se hâtait, consolée, parce qu’elle voyait briller au loin, sur la façade sombre du manoir, la lumière qu’elle avait laissée dans la chambre de sa fille.

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