Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/53

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harpes. Madame semblait affecter de ne leur demander jamais compte de leur conduite.

Elles allaient et venaient, toujours seules, ou en compagnie d’Étienne et de Roger, qui passaient leurs jours à les poursuivre et qui ne les trouvaient pas toujours, car l’existence de Diane et de Cyprienne avait son côté mystérieux.

Elles n’avaient point de compagne de leur âge. Rien ne les appelait ici plutôt que là ; rien ne les retenait au manoir, si ce n’est le désir de faire compagnie à Blanche, qui les aimait tendrement pour tout l’amour qu’elles lui témoignaient.

Elles étaient les idoles des bonnes gens du pays, entre Redon et Carentoire. On aimait Blanche, mais il y avait trop de respect dans la tendresse qu’on lui portait. On ne la voyait pas assez souvent ni d’assez près, tandis qu’il ne se passait guère de journée sans que les gens des villages voisins eussent occasion de saluer Diane et Cyprienne. Et Dieu sait qu’ils les saluaient de bon cœur, les chères filles, malgré leur costume de paysanne.

On les rencontrait le jour ; et quelques-uns disaient que, la nuit aussi, quand la lumière de la lune glissait, pâle, sur la lande solitaire…

Mais c’étaient là des contes de veillées, où le fantastique et l’impossible entraient à forte dose.