Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/81

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— On dit que l’Ange est une belle jeune fille, douce et bonne comme le nom qui lui fut donné… mais on parle de mystérieux malheurs suspendus au-dessus de sa tête… On répète tout bas que les mauvais jours sont venus pour la race de Penhoël… On raille au salon, dans les fermes on s’attriste, car les bonnes gens se souviennent de tous les bienfaits répandus sur le pays par la main de Penhoël, depuis nos grands aïeux qui possédaient toute la contrée, jusqu’à notre oncle Louis, que Dieu protége dans son exil !

— L’avenir n’appartient à personne…, murmura Madame ; mais, dans le présent, ne dit-on pas que la fille de René de Penhoël est heureuse et riche ?

Diane secoua la tête lentement et garda le silence.

— Répondez !… reprit Madame ; je vous en prie… et je le veux !

— Ce sont de vagues bruits, répliqua enfin Diane. On dit que l’avenir assombrit déjà le présent ; on dit que Blanche est en effet aujourd’hui heureuse et riche… du moins on est bien sûr qu’elle l’était hier… mais on se demande si elle le sera demain…

Marthe était pâle. Sa voix trembla lorsqu’elle demanda encore :