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CHAPITRE III.

Et à mesure que le temps passait, le nabab faisait petit à petit la conquête de son franc parler. Étienne repoussait bien encore les désolantes théories de son compagnon de route, mais il ne se croyait plus obligé de tourner le dos à la moindre parole offensante pour le beau sexe. Il écoutait ; il discutait, quoique, sur le terrain de la moquerie, il ne fût vraiment pas le plus fort.

La diligence arrivait au faubourg de Laval, ayant toujours devant elle la victorieuse patache, dont les chevaux se tuaient héroïquement pour soutenir leur triomphe.

— Eh bien ! dit Montalt, vous voyez que je ne suis pas si fou d’avoir laissé mes noirs se carrer en chaise de poste pour prendre, moi, la voiture publique… J’ai rencontré ce que je cherchais… et je vous promets bien que je ne vous lâcherai pas, M. Étienne !

— Tout ce que je puis dire, milord, c’est que votre caprice a été pour moi une excellente chance…

— Eh ! eh !… fit Montalt, nous nous querellerons bien encore pourtant plus d’une fois avant d’être arrivés à Paris, s’il plaît à Dieu !… Mais il y a déjà un progrès dans votre humeur… et sous deux ou trois jours, que je sois sage ou fou, vous m’écouterez sans colère aucune…