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CHAPITRE PREMIER.

La matinée s’avançait : le chevalier de las Matas et le comte de Manteïra étaient encore en robe de chambre, mais le baron de Bibander s’occupait déjà de sa toilette.

Le chevalier était assis, les pieds au feu, devant une petite table portant tout ce qu’il fallait pour écrire. Il avait sous la main une large feuille de papier, couverte d’écritures et de chiffres. Autour de lui s’ouvraient quatre ou cinq ouvrages d’arithmétique et d’algèbre qu’il consultait d’un air fort entendu.

De l’autre côté du foyer, M. le comte de Manteïra fumait sa pipe en biseautant fort adroitement un jeu de cartes.

Le baron de Bibander se tenait à l’autre extrémité de la salle devant une glace, où il se mirait avec une complaisance extrême.

Ils étaient vraiment assez bien déguisés tous les trois. La barbe et les cheveux longs allaient parfaitement à la figure pâle de Robert, qui était un fort passable cavalier espagnol. L’Endormeur, lui, avait été obligé de raser ses cheveux d’un blond tirant sur le roux et de se munir d’une perruque noire pour se donner une physionomie portugaise. Il avait teint, en outre, sa barbe, et son meilleur ami aurait eu quelque peine à le reconnaître. Quant à Bibandier, ces quelques semaines d’abondance