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CHAPITRE II.

noble baron, qui baragouinait de tout son cœur, maintenant que cela n’était plus nécessaire.

— Buvez…, buvez, mes braves !… continua Robert ; cela en vaut parbleu bien la peine… Et d’abord, ma martingale, dont vous faites tant de gorges-chaudes, aura, du moins, eu ce résultat de nous valoir notre invitation de ce soir.

— Du tout ! se récria Bibandier, ce Montalt a un certain coup d’œil… Il a reconnu en moi un homme comme il faut, et il m’a engagé à lui faire l’honneur de dîner à son hôtel… Quoi de plus simple ?

— Le fait est…, dit Blaise que tu te donnes ici des gants, M. Robert… Le Montalt est venu à moi et m’a dit :

« Cher comte, vous êtes un bon enfant et je m’estimerais heureux de vous voir assis à ma table. »

Robert haussa les épaules…

— Fous que vous êtes ! dit-il, et ingrats ! Vous verrez que je remplirai vos poches sans avoir droit seulement à la moindre reconnaissance.

— Remplis toujours, Américain, et ne t’inquiète pas du reste !

Robert but à petites gorgées un verre de vin chaud et rassembla les notes éparses sur sa table.

— Voulez-vous que je vous explique ma martingale ?… demanda-t-il.

Blaise rapprocha son fauteuil ; la figure de