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CHAPITRE II.

Robert repoussa la table où se trouvaient ses calculs, et mit ses pieds au feu.

— Sonne, Blaise !… dit-il, et approchez-vous tous les deux… Que mon système soit vrai ou faux, je veux en faire de l’argent dès ce soir, et vous ne rirez plus, mes camarades, quand vous verrez notre caisse pleine… Du punch, Joseph !… et lestement !

Une fois les bols remplis, nos trois gentilshommes trinquèrent fraternellement, et Robert reprit :

— Je regarde l’invitation de Montalt comme le commencement d’une ère nouvelle pour nous trois, mes enfants… Avec un peu d’adresse et de tenue, cet homme-là nous mènera très-loin… Mais il faudra jouer serré… Blaise et moi nous avons fait là-bas à Penhoël une école qui nous vaut bien vingt ans d’expérience… Ne donnons rien au hasard, croyez-moi, et faisons un peu le bilan de notre situation… Blaise et moi, nous avons apporté chacun dix mille francs à la masse.

— Et moi, dit Bibandier, quinze mille que ce vieux grigou de Pontalès a eu bien de la peine à me lâcher… Voilà un gaillard que ce vieux Pontalès !

Les sourcils de Robert se froncèrent.

— Entre lui et nous, murmura-t-il, la partie