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LES BELLES-DE-NUIT.

n’est peut-être pas finie… Il a escamoté la première manche, grâce à toi, mons Bibandier… Mais gare à la seconde ! 

— Allons !… allons !… dit l’ancien uhlan, ne revenons donc pas sur nos vieilles rancunes !… J’ai donné cinq mille francs de plus que ma mise pour racheter votre précieuse amitié, mes braves… Et, si vous me l’avez rendue, ajouta-t-il avec sentiment, c’est le meilleur marché que j’aie fait de ma vie… Quant à Pontalès, je le déteste au moins autant que vous… Ah ! le vieux coquin !… Quand vous fûtes partis, si vous saviez comme il nous traita, maître le Hivain et moi ! Pour Macrocéphale, je ne dis pas : un gratte-papier poudreux !… un misérable fesse-mathieu, laid comme une douzaine d’huissiers râpés ! Mais moi…, un homme comme il faut !… Il arriva là au moment où j’introduisais le couteau sous l’aile de la fine volaille, cuite à point… Il me dit… Vous croyez qu’il me dit : « Mon garçon, asseyons-nous là et trinquons… » Non pas !… il prit sa voix de l’ancien régime et me tint à peu près ce langage : « M. Bibandier, voici une excellente poularde et du meilleur vin de la cave de Penhoël…, mais tout cela vous passera sous le nez, M. Bibandier, parce que vous n’êtes pas digne de vous asseoir en mon illustre compagnie… Allez, mon brave M. Bibandier,