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LES BELLES-DE-NUIT.

leurs voix étaient pures et douces, mais elles tremblaient bien souvent.

Elles chantaient pour avoir un morceau de pain.

Et à mesure que la soirée s’avançait, les passants devenaient de plus en plus rares ; le froid augmentait ; l’espoir s’en allait.

Au moment où nos trois gentilshommes passaient et où le pied de Blaise renversait une des deux chandelles, l’attention des deux jeunes filles avait été attirée par le geste de Bibandier, qui s’était arrêté court à les regarder.

Mais ç’avait été l’affaire d’un instant. Le baron, entraîné par ses deux compagnons, avait disparu bien vite au détour d’une allée. C’est à peine si les jeunes filles avaient distingué les traits de son visage.

Et pourtant il leur semblait qu’elles ne voyaient point cette figure pour la première fois.

Mais, si leurs souvenirs ne les trompaient point, Bibandier avait subi, depuis quelques semaines, une si notable transformation, que la meilleure mémoire en eût été déroutée.

D’ailleurs qu’importait cela ?

Les deux jeunes filles n’interrompirent même pas leur chant, et l’idée de cette rencontre s’effaça tout de suite, au milieu des pensées