Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LES BELLES-DE-NUIT.

René haussa les épaules.

« Ils me disaient encore, poursuivit-il en reprenant sa lecture, que vous aviez quitté le manoir pour fuir la vue de mes larmes ; et comme je ne les croyais pas, ils me dirent une fois que vous étiez mort…

« Pendant sept mois, tout fut inutile. Louis, ma plume se refuse à écrire le motif de ma résistance. Alors même que je n’eusse pas cru à la nouvelle de votre mort, je n’aurais pas pu me marier en ce temps-là…

« Je me trompe, d’ailleurs, en disant que tout le monde était contre moi. Votre oncle Jean et sa femme, qui n’est plus, hélas ! me soutenaient et m’encourageaient à vous attendre. Sans eux, il m’aurait fallu mourir de douleur et de honte… »

René s’interrompit encore.

— Il y avait longtemps que je me doutais de cela ! dit-il ; notre excellent oncle me trahissait tout en mangeant mon pain… Son tour viendra, et je lui garde sa digne récompense.

Avant de continuer, il tourna le bouton de la lampe, dont la mèche, déjà trop longue, jetait une flamme haute et fumeuse.

— On n’y voit plus !… grommela-t-il.