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LES BELLES-DE-NUIT.

restait sous le poids d’un accablement insurmontable.

— Il faut retrouver des forces, Marthe, disait le vieillard, car vos épreuves ne sont pas finies… Le malheur est descendu sur notre maison… Et quoi qu’ait pu faire René, votre mari, vous devez l’aider, Marthe, et le consoler dans sa détresse.

Avant que Jean de Penhoël pût s’expliquer davantage, la pendule sonna onze heures de nuit. Le timbre aigu et sonore sembla produire sur René le même effet que si une main rude avait secoué brusquement son sommeil. Il fit effort pour se redresser et appuya ses deux mains sur le parquet où naguère il s’étendait tout de son long.

— Onze heures !… murmura-t-il sans manifester le moindre souvenir de ce qui s’était passé. Que devais-je donc faire à onze heures ?

L’oncle Jean ne le savait que trop. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais le cœur lui manqua.

René regardait tout autour de lui.

— Cette salle est bien grande maintenant, murmura-t-il ; autrefois, elle paraissait plus petite, alors que nous étions tous ensemble…

Il se prit à compter sur ses doigts avec lenteur.

— Vincent…, dit-il, Diane et Cyprienne, vos trois enfants, notre oncle… Blanche de Pen-