Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
LES BELLES-DE-NUIT.

Au moment où le bruit de ferraille allait le mieux, un gros rire éclata tout à coup de l’autre côté de la chambre.

Les deux épées se baissèrent à la fois.

La porte par où Robert et Blaise étaient entrés dans le salon venait de s’ouvrir. Sur le seuil on apercevait la taille longue et maigre de Bibandier. L’ancien uhlan se tenait les côtes et riait à gorge déployée.

— Ah ! ah ! ah ! s’écria-t-il dès qu’il put parler ; la maîtresse farce !… Voilà deux bons garçons qui se battent comme des diables pour un héritage qui leur passera sous le nez !… Ah ! ah ! ah !… Et pour un souper qu’un autre mangera !

Robert et Blaise restaient tout décontenancés.

L’ancien uhlan, fossoyeur de la paroisse de Glénac, fit quelques pas à l’intérieur de la chambre. Il tenait à la main des papiers.

— Restez dehors si vous avez peur !… cria-t-il à la cantonade ; je promets bien qu’ils ne me tueront pas… Ma parole ! reprit-il en s’adressant aux deux combattants, vous êtes drôles à croquer comme cela !… Ah ! M. Robert, j’irai te voir à la chambre, bien sûr, quand tu seras député… Ah çà ! l’Endormeur, nous voulons donc avoir vingt bonnes petites mille livres de