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LES BELLES-DE-NUIT.

et Roger s’étaient trouvés en face d’occasions charmantes et imprévues ; mais le nabab avait beau les entourer de séductions, Étienne et Roger résistaient vaillamment ; Étienne surtout dont le cœur était plus fort.

Du reste, ils se laissaient aller tous deux sans trop réfléchir, et avec l’insouciance de leur âge, à la pente de cette bonne et molle vie que le hasard leur faisait. Étienne travaillait et recevait de son labeur une récompense royale ; Roger ne travaillait point, mais il portait le titre de secrétaire de milord et touchait, sous ce prétexte, des appointements magnifiques.

Tout, dans la maison du nabab, voitures, chevaux, valets, était à leurs ordres.

Charmants cavaliers comme ils l’étaient, distingués, spirituels, élégants, et riches par la grâce du hasard, ils faisaient, en vérité, figure dans le monde.

Au commencement, et d’un commun accord, ils s’étaient promis de mettre à exécution ce cher dessein qu’ils avaient fait un soir dans le jardin de Penhoël, thésauriser, thésauriser comme des avares, pour revenir bien vite en Bretagne où les attendait le bonheur.

Étienne restait fidèle à son projet. Chaque somme que lui donnait le nabab était religieusement placée, et le jeune artiste tressaillait d’aise