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LES BELLES-DE-NUIT.

vaient rassemblés des déguisements de toute espèce. On s’était introduit dans cette chambre peut-être. On avait volé ces tuniques brodées d’or, ces ceintures flottantes et ces diadèmes de perles…

Quoi qu’il en soit, il n’eût point été malaisé, une fois la fraude éventée, de reconnaître les deux fraudeuses. C’étaient de toutes jeunes filles, accusées par leur embarras même et par la frayeur qui perçait dans leur maintien. Elles se tenaient au bas du perron, serrées l’une contre l’autre, et jetant à la ronde leurs regards ébahis.

Cela dura quelques minutes. Puis elles échangèrent deux ou trois paroles rapides et se séparèrent brusquement.

Leur parti semblait pris. Elles avaient mis de côté tout à coup cet air d’effroi qui aurait pu les trahir.

La première, qui portait en écharpe une ceinture de cachemire rouge à franges d’or, alla droit à la table de jeu, où maître Blaise faisait merveille.

La seconde, dont la ceinture était verte, se dirigea vers le noble baron Bibander, demi-couché sur des coussins auprès d’un massif de fleurs, et qui prenait des poses de satrape en lutinant sa conquête.