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LES BELLES-DE-NUIT.

noble Bibander fût sur un lit de roses. La ceinture verte avait la langue pour le moins aussi aiguë que celle de sa compagne.

Mais le trouble de l’ancien uhlan ne ressemblait pas tout à fait à celui de Blaise : il avait l’air plus effrayé qu’intrigué ; on eût dit qu’il savait à peu près à qui il avait affaire.

— Peste ! M. Bibandier !… disait la ceinture verte, nous avons laissé là-bas, je le vois bien, notre pauvre veste de futaine !

— Madame…, balbutiait le baron, je ne vous comprends pas.

— Oh ! que si fait, M. Bibandier !… La preuve, c’est que vous oubliez de baragouiner en me parlant… Il fallait dire au moins : Matàme, ché ne fus gombrends bas !

— Matâme !… répéta machinalement le baron.

Et il ajouta en se tournant vers sa conquête :

— Eine bedite indrigue dé chalusie !…

La ceinture verte éclata de rire.

— Bien dit, cette fois !… s’écria-t-elle. C’est pourtant vrai que je me meurs de jalousie !… Je viens de bien loin pour vous chercher… Ah ! que je vous aimais mieux, mon Bibandier, avec votre veste trouée !… vous étiez fidèle, alors… Ah ! M. le baron, M. le baron !… Vous savez comme les femmes se vengent… J’ai envie de