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CHAPITRE VIII.

La Femme-Blanche laisse flotter au vent ses longs voiles, blafards comme le suaire des morts…

Et puis le théâtre du meurtre eût été là, tout près !

Et cette jeune femme, qui connaissait les secrets de la nuit terrible, avait, en vérité, la taille et jusqu’à la voix de l’une des deux victimes.

Mais ici, sous ces clartés étincelantes, au beau milieu de ces joyeuses rumeurs, à cent lieues du gouffre où les deux pauvres filles avaient trouvé la mort, c’était déjà beaucoup que d’avoir donné quelques minutes au premier mouvement de la frayeur superstitieuse et irrésistible.

Dès que la réflexion put venir, Blaise se sentit reprendre courage.

— Je ne sais pas qui vous êtes, madame…, dit-il, et je ne vous cache pas que vous m’avez fait grand’peur… Mais laissez là, croyez-moi, les choses de l’autre monde… Vous en savez assez pour nous tenir, voilà le fait, heureux pour vous ou malheureux, suivant que vous jouerez vos cartes… Quant à nous terrifier par des billevesées, cela peut réussir une fois, non pas deux.

Il s’interrompit et poussa un cri étouffé, un cri de détresse et d’horreur.