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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/426

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arrivé aujourd’hui même, avec pompe, et caché depuis lors à tous les yeux.

On parla de ces étrangers, tous princes, tous vieillards, — et tous inconnus — qui s’étaient réunis dans la journée chez la marquise, et qu’on avait introduits, ce soir, un à un, dans une pièce du premier étage, sans leur faire traverser les salons, livrés au public.

Certes, ceux-là n’étaient pas venus pour la fête.

Enfin, de groupe en groupe, un nom courait, le nom d’un personnage…

Quel que soit le vrai nom de ce personnage, vous admettrez bien avec moi que notre M. Morfil est à la fois l’homme le plus mystérieux et le plus célèbre de Paris.

Les uns prétendent que M. Morfil est sorcier, les autres affirment qu’il est myope à ne pas distinguer le bout de son nez en plein midi.

Le pour et le contre sont du reste assez bien établis par un grand nombre de faits qui semblent authentiques, au même degré.

Moi, je pense que M. Morfil, comme tous les héros légendaires, s’appelle en réalité : Légion.

Ils sont plusieurs, ils sont beaucoup.

Il y a, dans le tas des « messieurs Morfil », des besicles troubles et des yeux de basilic.

Le fait est que personne ici n’avait jamais eu le compromettant honneur de se rencontrer avec M. Morfil et que, pourtant, nombre de gens l’avaient reconnu, en tenue de bal, ma foi, au salon, au jardin, et encore ailleurs, suivi à distance par quelques gentilshommes spéciaux dont la physionomie ne laissait rien à désirer.