Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/12

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gravité. On peut tuer un malheureux en lui révélant son état. Sois prudente.

Dès que Fanchette fut partie, Lecoq dit :

— Patron, je vous remercie. Vous avez bien fait de me rassurer. Nous étions deux ou trois à croire que ce Vincent allait nous couper l’herbe sous le pied.

— Ingrat ! fit le colonel. Toi qui es mon enfant ! toi qui es mon héritier présomptif, car mon testament est en règle.

— Avez-vous envie de me faire pleurer ? interrompit Lecoq, non sans ironie ; il faut la mort avant l’héritage, et nous voulons vous conserver toujours. Mais nous voudrions aussi être fixés sur le chiffre du capital social…

— Le trésor ? interrompit le colonel à son tour, et ses yeux ternes eurent pour la seconde fois un rayonnement bizarre. Vous serez riches, riches, riches ! Je ne dépense pas un sou pour moi. Je ferai une affaire pour doter ma Fanchette. Tout est à vous, tout ! Bonsoir, l’Amitié !

— Encore un mot, fit Lecoq. Ce Vincent est condamné ?

— J’en ai peur, mon fils. Il fera jour un de ces matins, et j’aurai besoin de quelqu’un pour payer la loi. À te revoir !

M. Lecoq, qui avait déjà ouvert la porte, lui envoya un baiser et sortit en disant :