Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nage jusqu’à la cuisine, qui, à la vérité, n’était pas des plus compliquées.

C’était déjà un grand jeune homme par la taille. Les dames du commerce de chauffage qui habitaient le premier et le second le trouvaient beau garçon, et ce n’était, de leur part, que justice. Il avait une figure douce et remarquablement intelligente qui s’encadrait dans de grands cheveux noirs bouclés, moelleux et lourds comme de la soie.

La lumière arrachait des reflets fauves à cette brune chevelure que les dames du bois flotté lui auraient enviée si elles ne l’avaient trouvée merveilleusement à sa place sur cette tête d’adolescent si charmante et si bonne.

Reynier, en effet, était surtout bon, cela sautait aux yeux.

Les maris des voisines disaient même qu’il était bête. Pourquoi ? Mystère !

La bonté qui rayonne sur un visage inspire chez nous un tout autre sentiment que l’admiration. Nous sommes ainsi faits dans le commerce du bois et ailleurs. Cela peut empêcher un jeune homme d’avancer.

La méchanceté a plus de défense. On ne l’aime pas, mais on la craint.

Je parle des mâles. Les femmes jugent mieux.

Loin de détester les agneaux, elles les mangent.

Elles ouvraient toutes leurs fenêtres, les voisines des premiers étages, quand Reynier chantait dans