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Vincent remit la manche de sa redingote qu’il venait de dépouiller.

— Reynier n’est pas couché ! murmura-t-il. Cet enfant-là se tue.

Il traversa la chambre sans bruit et poussa la porte de sapin qui donnait accès dans une cellule mansardée dont la lucarne s’ouvrait sur les derrières de la maison.

Il y avait place pour une table, une chaise et une couchette tout juste, mais, en revanche, la lucarne regardait un large et bel horizon : à droite, les amphithéâtres de Chaillot et de Passy, en face Saint-Cloud, par-dessus le bois de Boulogne, et à gauche, dans le lointain, Meudon, entre les bosquets riants de Bellevue et les coteaux ombreux de Clamart.

Une lampe était sur la table, couverte de papiers, parmi lesquels brillait une plaque de métal, attaquée déjà par le burin.

Devant la plaque, Reynier était assis, mais le sommeil l’avait vaincu, et sa tête pendait sur son épaule.

La lumière de la lampe frappait d’aplomb ce visage d’adolescent aux lignes presque féminines, mais à l’expression virile. Nous l’avons dit : ce qui frappait dans Reynier, c’était la bonté, mais la bonté rayonnait surtout dans son regard intelligent et brave.

En ce moment, ses paupières closes, frangées de