Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/81

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— Ce matin ! répéta Carpentier, mais c’est impossible ! Le trousseau… Il y a des préliminaires…

— Vous vous trompez, interrompit la jeune fille à son tour. Tout se fait comme par enchantement avec le nom du colonel Bozzo-Corona.

Une heure après, en effet, on quittait la maison de la rue de Picpus où Irène, comblée de caresses, restait aux mains des bonnes dames qui n’avaient point oublié sa mère. Grâce à Fanchette, la séparation ne fut pas trop douloureuse. Reynier se cacha pour pleurer.

En sortant, il dit à Vincent :

— Père, vous la reverrez tant que vous voudrez, moi non. Puisqu’un moyen m’est offert d’étudier selon ma vocation, je ne veux choisir qu’une école, qui est Rome.

— Bravo ! s’écria Francesca. Voilà ce que j’appelle parler !

Vincent courba la tête. Reynier lui prit les deux mains, qu’il attira contre son cœur, et dit encore :

— Père, si j’ai ce grand bonheur d’être aimé d’elle, il faut que je meure à la tâche ou que je lui donne la gloire avec la fortune.

Vincent Carpentier le pressa sur sa poitrine en silence, et Francesca donna l’ordre au cocher de brûler le pavé jusqu’à la rue Thérèse. Le colonel, en effet, devait être consulté sur ce nouveau projet qui