Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/51

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— Mais… voulut dire Maurice.

— J’entends bien. Vous ne m’avez pas confié que vous cherchiez un drame partout, comme les chiffonniers, sauf respect, remuent les ordures. Vous êtes deux jolis jeunes gens… qui laissez des papiers dans les poches de vos redingotes.

— Vous avez trouvé des plans ? interrompit Étienne.

— Des lettres ? ajouta Maurice qui pâlit légèrement.

— Pour sûr, je n’ai pas trouvé d’actions de la Banque de France. Si ça était, je vous le dirais bien, allez, et nous partagerions, car ce qui est vendu est vendu, pas vrai ? J’ai payé les deux redingotes et leurs doublures. Mais j’aime la jeunesse. Tenez, monsieur Schwartz, voici votre correspondance. »

Il tendit une lettre pliée à Maurice, qui changea de couleur.

« Je ne l’ai pas lue, reprit M. Bruneau avec une sorte de dignité, mais je connais l’écriture.

— Monsieur, je vous remercie, prononça Maurice d’un air contraint.

— Il n’y a pas de quoi, entre voisins. Quant à M. Roland, voici : deux contre-marques et une reconnaissance du Mont-de-Piété. »

Étienne prit le tout et fit un grand salut en disant :

« Voisin, ce n’était pas la peine de vous déranger.

— Est-ce que vous connaissez intimement cette demoiselle Sarah ? demanda doucement M. Bruneau, en s’adressant à lui.

— Comment !

— Voyez le reçu : une montre de femme, au nom de Mlle Sarah Jacob.

— Un hasard !… balbutia Étienne.

— Je ne suis pas votre tuteur, monsieur Roland, mais j’ai connu autrefois votre père, qui est un homme