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LE VAL-AUX-FÉES.

toc, avaient raconté au jeune héritier de Lesnemellec le merveilleux hasard qui les avait mis en face d’un trésor. De sorte que le comte Addel se repentait déjà fort amèrement d’avoir soupçonné Rachel.

Sans comprendre les paroles de la jeune fille, il la souleva d’une main vigoureuse, la mit en croupe sur son cheval, et partit au galop.

Le sac de dix mille écus était tombé au ras des murailles, auprès d’un soupirail fermé par des barreaux de fer. Un bras maigre et ridé s’allongea vivement à travers les barreaux, et saisit l’or avec avidité.

Sur la route, il est à croire qu’Addel obtint son pardon. Rachel et lui allèrent se marier au loin, — ce qui fut prudent, suivant Joson Férou, car la fée Gulmitte aurait bien pu se raviser.

Le lendemain, au clair de lune, les trois fées montèrent la colline et vinrent au château de Lucifer, afin de prendre l’âme de Rachel, que Gulmitte prétendait avoir achetée à beaux deniers comptants.

Le manoir brûlait encore. Gulmitte, Reschine et Mêto grandirent d’abord jusqu’à dépasser de la tête les toitures les plus élevées, afin de plonger par toutes les fenêtres leurs regards curieux. Nulle part, elles ne virent Rachel. Alors, en désespoir de cause, elles se rapetissèrent et entrèrent dans les caves par les soupiraux.

Dans l’une des caves, elles entendirent la respiration d’un être humain endormi. Elles se rangèrent en triangle et entamèrent à voix basse leur entretien cabalistique :

Gulmitte.

xxxxxxxxxxxxxxxSœurs, êtes-vous là ?