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LES CONTES DE NOS PÈRES.

— Ô monsieur… monsieur ! s’écria Roger avec accablement ; pourquoi cet arrêt cruel ?

— Parce que je suis un Breton, monsieur, et que vous, vous n’êtes qu’un Français.

Roger se redressa offensé.

— Monsieur le président, dit-il, vous oubliez que votre robe passe après mon épée ; vous oubliez que vos aïeux se perdaient dans la foule quand les miens s’asseyaient aux marches du trône ducal !

— Tant mieux pour eux qui suivaient une glorieuse route ! s’écria Montméril, tant pis pour vous qui désertez leurs traces !

Il n’y avait plus ici de rôle appris. Le vieux Breton était fort, et digne, et solennel en prononçant ces mots qui jaillissaient de son cœur, exalté par l’amour de la Bretagne.

— Vos pères, reprit-il, servaient un duc ; un roi est venu, qui, puissant et inique, a volé l’héritage de ce duc… Entre ce duc et ce roi, monsieur, quel parti eussent pris vos pères ?