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LA MORT DE CÉSAR.

L’épée du républicain, qui s’appuyait déjà sur le cœur du vieillard, retomba. Il se retourna plein d’épouvante. Le vicomte de Plenars, Lapierre et six hommes armés jusqu’aux dents venaient de faire irruption dans la chambre. En un tour de main, les défenseurs de la patrie furent réduits à l’impuissance et jetés dans un coin. Henriette, riant et pleurant, embrassant son père, baisait les mains de son aïeul et remerciait Dieu.

— En route, maintenant, dit le vicomte.

La voiture de voyage fut attelée à la barbe des républicains. M. de Bazouge y monta le premier. Quand ce fut au tour d’Henriette, elle se sentit retenue par sa robe, et vit à ses pieds César, dont l’œil plaintif et mourant semblait implorer une caresse. César l’avait suivie jusque-là. Depuis le perron, une large traînée de sang marquait la trace de son passage.

Henriette se sentit émue jusqu’au fond du cœur. Elle se baissa et mit sa jolie bouche sur le front sanglant du fidèle animal. César remua joyeusement la queue et fit entendre un grognement de bien-être.

— Il faut le panser, il faut l’emmener ! dit Henriette.

César lui lécha les mains, puis il s’étendit tout de son long, et mourut.




M. de Bazouge et sa fille gagnèrent heureusement les côtes d’Angleterre. Henriette revint seule en France, après les mauvais jours de la révolution. Elle se souvint de César, et