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Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/102

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sation. Je l’ai vu attacher une jeune femme boiteuse, et la fouetter sur les épaules nues avec une lourde peau de vache, au point que le sang rouge et chaud en découlait goutte à goutte. En justification de cet acte barbare, il citait le passage suivant des Écritures saintes. « Le serviteur qui a connu la volonté de son maître et qui ne s’est pas tenu prêt, et qui n’a point fait selon sa volonté, sera battu de plusieurs coups. »

Mon maître, après avoir ainsi déchiré à coups de fouet cette jeune fille, la retenait dans cette situation horrible pendant quatre ou cinq heures à la fois. Je sais personnellement qu’il lui est arrivé de l’attacher de bonne heure le matin et de la fouetter avant le déjeuner ; puis de la quitter pour aller à son magasin, de revenir pour dîner, et de la fouetter de nouveau, en la frappant sur les parties de son corps qui étaient déjà écorchées par les coups antérieurs de son fouet impitoyable. Voici comment s’explique cette cruauté envers Henriette. C’est qu’elle était presque incapable de travailler. Lorsqu’elle était encore enfant, elle était tombée dans le feu et en avait horriblement souffert. Elle avait eu les mains tellement brûlées dans cette occasion que, depuis, elle n’avait jamais pu s’en servir. Elle n’était guère propre qu’à porter de lourds fardeaux. Elle n’était donc