Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/112

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qu’il avait l’esprit ainsi troublé, il priait avec une ferveur extraordinaire : le misérable ! Telles étaient sa disposition et son aptitude à tromper, que je crois en vérité qu’il lui arrivait quelquefois de se tromper lui-même, au point d’avoir la conviction solennelle qu’il était un adorateur sincère du Très-Haut, — et cela se passait dans le temps où l’on peut dire qu’il était coupable de forcer une esclave qui lui appartenait à commettre le crime de l’adultère. Je crois devoir dévoiler ici les détails de cet acte de corruption et de perversité, quelque dégoûtants qu’ils soient. M. Covey était pauvre ; il venait de s’établir pour son compte. Il n’avait pas les moyens d’acheter plus d’une esclave. Chose horrible, mais vraie ! il acheta cette esclave dans le même but qu’on achète une jument poulinière. Cette femme s’appelait Caroline, M. Covey l’acheta à un M. Thomas Lowe, qui demeurait à environ six milles de Saint-Michel. Pour mettre le comble à cette transaction infâme, il loua à M. Samuel Harrison un esclave marié, qui fut arraché des bras de sa femme légitime, et contraint de vivre comme s’il eût été l’époux de cette malheureuse Caroline !!! — Le hasard voulut qu’elle donnât le jour à des jumeaux. La joie de Covey et de sa femme ne connut point de bornes ; ils furent l’un et l’autre aux petits soins