Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/129

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plus d’être fouetté dans les règles, et pourtant je restai esclave pendant quatre ans de plus. J’eus à soutenir plusieurs combats, il est vrai, mais je ne reçus jamais un seul coup de fouet.

Une chose qui, pendant longtemps, fut pour moi un sujet de surprise, c’est que M. Covey ne m’eût pas fait saisir immédiatement par le constable, et entraîner au poteau où l’on fustigeait les esclaves rebelles, afin de m’y faire fouetter, selon la loi, pour le crime d’avoir osé lever la main contre un blanc, à mon corps défendant. La seule explication que je puisse en donner ne me satisfait pas complètement moi-même ; toutefois, je vais la donner telle qu’elle est. M. Covey jouissait d’une réputation extraordinaire comme surveillant du premier mérite, et comme dompteur de nègres. Cette réputation, qui était pour lui de la plus grande importance, se trouvait en danger ; et s’il m’avait envoyé, moi, jeune homme d’environ seize ans, au poteau public, pour m’y faire châtier, il l’aurait perdue à jamais ; ainsi, pour la conserver, il me laissa échapper à ce mode de punition.

L’expiration du terme pendant lequel je devais rester au service de M. Édouard Covey arriva le jour de Noël 1833. La semaine qui se trouve entre Noël et le jour de l’an est accordée aux esclaves à titre