Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les propriétaires que j’ai jamais connus, les propriétaires pieux sont les pires. Je les ai toujours trouvés plus avares, plus bas, plus cruels, et plus lâches que les autres. J’eus le malheur, non-seulement d’appartenir à un propriétaire religieux, mais de demeurer au sein d’une communauté de gens qui faisaient étalage de sentiments semblables. Le révérend Daniel Weeden demeurait tout près de M. Freeland, et le révérend Digby Hopkins habitait aussi dans le voisinage. C’étaient des membres et des ministres de l’Église méthodiste réformée. M. Weeden possédait, parmi ses autres esclaves, une femme dont j’ai oublié le nom. Le dos de cette femme restait pendant plusieurs semaines saignant, et, pour ainsi dire, crû par suite des coups de fouet de ce monstre impitoyable et religieux. Il avait l’habitude de louer des esclaves pour travailler pour lui. Voici quelle était sa maxime : « Qu’un esclave se conduise bien ou mal, c’est le devoir de son maître de le fouetter de temps en temps, pour l’empêcher d’oublier l’autorité de son maître. » Sa pratique répondait à sa théorie.

M. Hopkins était encore pire que M. Weeden. Il se vantait principalement de son talent pour gouverner les esclaves. Le trait principal qui caractérisait son gouvernement était de fouetter les es-