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Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/143

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guère que la moitié de l’année précédente. Je la passai sans recevoir un seul coup. Je ferai à M. Freeland l’honneur de dire qu’il était le meilleur maître que j’eusse jamais connu, jusqu’à ce que je devinsse mon propre maître. Je dois en partie à la société de mes chers compagnons, la manière agréable dont je passai l’année. Ils avaient l’âme noble, et le cœur non moins brave qu’aimant. Nous étions étroitement liés. Je les aimais d’un amour plus profond que je n’en ai jamais éprouvé depuis. On dit quelquefois que, nous autres esclaves, nous ne nous aimons pas et nous ne nous fions pas l’un à l’autre. Je puis dire, en réponse à cette assertion, que pour moi, je n’ai jamais témoigné à personne plus d’attachement et plus de confiance qu’aux esclaves, mes compagnons, et surtout à ceux avec qui je demeurais chez M. Freeland. Je crois que nous serions morts l’un pour l’autre. Nous n’entreprenions rien d’important sans avoir tenu d’abord une consultation mutuelle. Nous étions unis, tant par nos caractères et par nos inclinations, que par les souffrances auxquelles notre position, comme esclaves, nous exposait nécessairement. À la fin de l’année 1834, M. Freeland s’adressa de nouveau à mon maître, afin de me louer pour l’année 1835. Mais alors je commençai à soupirer après le bonheur de vivre