Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/164

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mon mieux aux trois autres, celui qui était derrière moi m’asséna sur la tête un coup violent qui me fit perdre connaissance. Je tombai ; ils en profitèrent pour se jeter tous sur moi, et se mirent à me donner une grêle de coups de poing. Quand je revins de mon étourdissement, je les laissai me frapper pendant quelques instants, en attendant que j’eusse repris mes forces. Tout à coup, je fis un grand effort, et je me levai sur les mains et les genoux. Dans ce moment-là, un d’eux me porta un coup terrible à l’œil gauche avec sa lourde botte. La douleur fut telle qu’il me semblait que j’avais l’œil crevé. En s’apercevant qu’il était fermé et horriblement enflé, mes quatre assaillants s’éloignèrent. Je me levai, je saisis la pique et je me mis à les poursuivre pendant quelque temps. Mais alors les charpentiers intervinrent, et je jugeai qu’il était prudent d’y renoncer. Que pouvais-je faire seul contre un si grand nombre ? Toute l’affaire s’était passée en présence de cinquante charpentiers blancs au moins, et pas un n’avait prononcé un mot de paix. Quelques-uns, au contraire, avaient crié : « Tuez le nègre ! tuez-le ! tuez-le ! Il a frappé un blanc ! » Je vis bien que la fuite était ma seule chance de sûreté. Je parvins, non sans peine, à me sauver sans recevoir un