Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/191

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remplis non-seulement de tout ce qui est nécessaire aux besoins de la vie, mais encore de tous les articles de luxe imaginables. En outre, tout le monde semblait occupé sans faire de bruit, du moins en le comparant à celui que j’étais accoutumé à entendre à Baltimore. Il n’y avait point à New-Bedford de chansons bruyantes, chantées par ceux qui chargeaient et déchargeaient les bâtiments ; point de jurons horribles, — point de malédictions affreuses lancées contre les ouvriers, — point de malheureux déchirés à coups de fouet ; — tout semblait se faire avec une activité paisible. Chacun paraissait comprendre son ouvrage et s’y livrer avec une application sage, mais joyeuse, qui marquait le vif intérêt qu’il prenait à son occupation, et le sentiment qu’il avait de sa dignité d’homme. Tout cela me paraissait fort extraordinaire. Après avoir examiné les quais, je parcourus la ville et les faubourgs, en contemplant, avec un étonnement et une admiration extrêmes, les églises magnifiques, les belles maisons, les jardins soigneusement cultivés ; tous ces objets étaient autant de preuves frappantes de l’existence de richesses, d’un bien-être, d’un goût et d’une élégance comme je n’en avais vu dans aucune partie de Maryland, quoique ce soit un pays à esclaves.