Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/90

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Baltimore, pour habiter de nouveau dans la famille de M. Hughes. Leur joie, à mon retour, fut égale à la tristesse que leur avait causée mon départ. Ce fut pour moi un jour charmant. J’avais réchappé à quelque chose de pire que la gueule d’un lion. J’avais été absent de Baltimore, pour l’estimation et pour le partage, environ un mois, et il me semblait qu’il y en avait six.

Bientôt après mon retour à Baltimore, ma maîtresse Lucrèce mourut, en ne laissant qu’un enfant, Amanda ; et, peu de temps après sa mort, M. André mourut. Alors toute la fortune de mon ancien maître, y compris les esclaves, passa entre les mains d’étrangers, — d’étrangers qui n’avaient nullement contribué à l’amasser. On n’accorda pas la liberté à un seul esclave : tous restèrent dans l’esclavage, depuis le plus âgé jusqu’au plus jeune. Si une chose, dans le cours de mon expérience, servit plus que toute autre à fortifier ma conviction de la nature infernale de l’esclavage, et à m’inspirer une haine inexprimable pour les propriétaires, ce fut leur ingratitude basse et impardonnable envers ma pauvre et vieille grand’mère. Elle avait servi mon ancien maître avec fidélité depuis sa jeunesse jusqu’à un âge avancé. C’était elle qui avait été la source de toutes ses richesses ; car elle avait