Page:F.Douglass, Vie de Frédéric Douglass esclave Américain, 1848.djvu/92

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grand’mère vit encore, elle ne vit que pour souffrir dans un abandon complet ; elle ne vit que pour se rappeler et déplorer la perte de ses enfants, de ses petits-enfants et de ses arrière-petits-enfants.

Pauvre malheureuse ! quelle triste existence ! On peut facilement se figurer l’état où elle se trouve. Le foyer est solitaire. Les enfants qui autrefois chantaient et dansaient en sa présence ne sont plus là ! Elle s’avance en tâtonnant dans les ténèbres de la vieillesse pour chercher quelques aliments ou un peu d’eau. Au lieu des voix chéries de ses enfants, elle entend le jour les gémissements de la colombe, et la nuit les cris hideux du chat-huant. Autour d’elle, la tristesse règne partout. Maintenant que le poids de la vieillesse se fait sentir, que la tête se penche vers les pieds, que la faible enfance et la vieillesse souffrante s’unissent et se confondent, — dans ce temps du plus grand besoin, dans ce temps où doivent se manifester la tendresse et l’affection que les enfants seuls peuvent témoigner à une mère arrivée au déclin de la vie, — c’est alors que ma vieille grand’mère, la mère dévouée de douze enfants, est laissée seule dans une petite cabane, près de quelques cendres prêtes de s’éteindre. Quel spectacle ! la voilà debout — elle s’assied — elle chancelle — elle tombe — elle pousse un gémisse-