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Sacristie

[13] Du même jour, 30e juin 1716. Sur les trois heures, nous nous sommes rendu à la sacristie avec le sieur Trastour, économe, qui nous est venu prendre, nous étant auparavant revêtu de notre rocher et de notre camail et ayant avec nous notre aumônier. Nous avons visité les reliques qu’on a coutume de mettre sur l’autel, les fêtes solennelles. Nous avons fait ouvrir un reliquaire de cuivre doré, surmonté d’une croix de métal de même, où il y a des reliques de saint Véran et de saint Lambert, comme nous en ont assuré les plus anciens de l’église. Nous avons vérifié lesdites reliques, et après les avoir refermées, nous avons fait sceller de notre sceau les endroits des ouvertures et mettre par écrit, sous le verre où elles sont contenues, "les reliques de saint Véran et de saint Lambert". Nous avons trouvé dans un bras de bois des reliques renfermées qu’on nous a dit être de saint Véran. Nous avons fait mettre un écriteau pour les distinguer, et notre cachet sur le taffetas dans lequel elles sont enveloppées. Il y manque un cristal au-devant. Nous avons fait ouvrir le bust [sic] d’argent doré représentant la tête d’un évêque, dans lequel buste est une partie du crâne de saint Véran. Et comme il n’y avait point de sceau pour empêcher qu’on ne levât le dessus de la tête, dans le creux de laquelle est la relique, nous y avons fait mettre notre cachet. On nous a ensuite fait voir un reliquaire qui renferme des reliques de sainte Réparate dans une custode ronde, d’argent, soutenue par deux anges d’argent qui sont sur les côtés, le tout sur un pied d’argent dont la base, qui est ronde, est de cuivre. Nous y avons aussi fait mettre le sceau de nos armes. L’authentique de cette relique doit avoir été remise aux archives du chapitre par le [...] Faissole. Le sieur [...]ard, bénéficier, [...] porta cette relique [...] Rome[1]. Nous avons vu ensuite un grand reliquaire d’argent en forme de buste, sur un piédestal aussi d’argent, et des figures en relief représentant saint Lambert, dans lequel il y a des reliques du saint dans un sac, cacheté, comme on nous l’a assuré, des armes de M. Godeau, l’un de nos prédécesseurs. On ne peut pas ouvrir ledit buste sans l’aide d’un serrurier, et même on a de la peine à le démonter. Nous avons cru devoir nous en tenir à ce qu’on nous en a dit. Ledit buste pèse un quintals[2]. Le tout a conté dix-huit cents écus[3]. C’est le sieur Barcillon, chanoine, qui en fit présent, l’ayant fait travailler à Paris[4]. On nous a montré aussi une notre-dame d’argent qu’on met sur l’autel aux fêtes solennelles.

  1. Le début des mots est masqué. Présumons qu’il faut lire: "par le sieur Faissole. Le sieur Bernard, bénéficier, apporta cette relique de Rome". L’existence de ce reliquaire n’avait jamais été signalée auparavant. Il s’agit du don d’un particulier au chapitre. On doit y voir un témoignage de l’influence du culte de cette sainte qui est, comme on sait, la patronne de la cathédrale de Nice, Rome fournissant des reliques à la demande, à l’aide des ossements des catacombes.
  2. Le quintal n’avait pas alors la même valeur qu’aujourd’hui. 11 pesait environ 40 kg.
  3. L’écu vaut 3 livres et la livre 20 sous. Cette somme est énorme.
  4. Selon la Vie de saint Lambert manuscrite, due à Claude Barcillon et aujourd’hui aux Archives historiques du diocèse, à Nice, ce buste fut inauguré en 1654, année l’on célébrait à Vence le cinquième centenaire de la mort de saint Lambert.