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Page:Fabié - Œuvres, Poésies 1905-1918, 1921.djvu/136

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Et si, las de poursuivre une ombre décevante,
Nous rentrons sous le toit qui la vit tant souffrir
Un an. désespérer dix longs mois, et mourir,
Nous retrouvons autour, impassible et vivante,
La Nature où tout va renaître et refleurir.

Les fleurs de l’herbe haute émergent et sourient
À l’aube, à la rosée, à l’azur, au soleil ;
L’abeille accourt les saluer dès son réveil ;
Les pins et les cyprès géants chantent ou prient :
Et seule notre enfant dort son pesant sommeil.

Son sommeil ! Est-il vrai ? Seigneur, Seigneur, dort-elle
Seulement, sans douleurs, sans regrets d’ici-bas,
Elle qui depuis tant de nuits ne dormait pas,
          Quand soudain l’effleura de l’aile
La Berceuse dont nul n’entend venir les pas ?

Dors-tu, ma douce enfant, d’un sommeil sans nul songe
Dont même notre appel ne peut rompre le cours,
Et qui ne finira qu’avec la fin des jours ?
Dors-tu paisiblement, loin de l’humain mensonge
Qui fait si bref le rêve et les réveils si lourds ?